LA VOIE COMMENCE LÀ Où TU ES !

Par Sam's • 5 oct, 2016 • Catégorie: ARCHIVES, EDITO, R-ÉVEIL

ABANDONNE TOUT ESPOIR DE FRUIT

Selon un des enseignement les plus puissant de la tradition bouddhiste, tant que l’on souhaite que les choses changent, elles ne changent jamais.

Tant que nous voudrons aller mieux, nous n’irons pas mieux.Tant que nous sommes orientés vers le futur, nous ne pourrons jamais nous détendre simplement avec ce que nous avons déjà ou ce que nous sommes déjà.

L’un des mécanismes habituels les plus profondément ancrés, c’est d’avoir l’impression que le présent n’est pas assez bien. Nous pensons beaucoup au passé, qui était peut-être mieux que le présent, ou peut-être pire.

Nous pensons aussi pas mal au futur - que nous pouvons craindre - en conservant toujours l’espoir qu’il pourrait être un petit peu meilleur que le présent. Même si le présent est vraiment bien - nous sommes en bonne santé et avons rencontré la personne de nos rêves, ou nous venons d’avoir un enfant ou de décrocher l’emploi que nous voulions - il y a cependant une tendance profonde à toujours penser à la manière dont tout se passera plus tard.

Nous n’accordons jamais de crédit à celui ou celle
que nous sommes en ce moment.

Par exemple, c’est facile d’espérer que les choses s’amélioreront avec la méditation, que nous n’aurons plus un mauvais caractère, que nous n’aurons plus du tout de peur ou que les gens nous aimerons plus qu’ils ne le font maintenant.

Ou bien si aucune de ces choses ne nous pose problème nous sentons que nous ne sommes pas assez spirituel. Nous entrerons sûrement en relation avec ce monde veillé, brillant et sacré que nous allons trouver grâce à la méditation.

Dans tout ce que nous lisons - que ce soit des livres de philosophie, du dharma ou de psychologie - , il est dit implicitement que nous sommes prisonniers d’une espèce de perspective étriquée et que, si seulement nos actions étaient justes, nous entrerions en contact avec un monde plus grand, plus vaste, différent de celui dans lequel nous nous trouvons maintenant.

L’une des raisons qui me poussent à parler de l’abandon de tout espoir de fruit c’est que, bien que j’aie médité et fait des causeries sur le dharma depuis pas mal de temps, je n’en conserve pas moins une passion secrète qui me poussent à m’interroger sur ce qu’il en sera quand - comme on le dit dans certains textes classiques -, ” tous les voiles auront été ôtés”.

C’est le même sentiment que de vouloir sauté de soi-même, et de trouver quelque chose de plus éveillé, de plus vif que la situation actuelle. Cela se produit parfois à un niveau très banal : on veut maigrir, avoir moins d’acné ou plus de cheveux. Mais d’une certaine façon, il y a presque toujours un sentiment très subtil ou pas si subtil de déception, un sentiment que les choses ne sont pas tout à fait ce qu’elle devraient être.

Tant que nous voulons être plus mince, plus intelligent, plus éveillés, moins tendu ou quoi que ce soit d’autre, nous allons toujours approcher le problème avec la logique même qui l’a créé : nous ne sommes pas assez bien.

C’est pourquoi le schéma habituel ne se désarticule jamais lui-même quand nous essayons de nous améliorer, parce que nous nous y prenons avec exactement le même style habituel que celui qui a déclenché la souffrance.

Il y a un enseignement de vie dans le bouddhisme selon lequel le Bouddha, mot qui signifie “éveillé”, n’est pas quelqu’un à qui on rend un culte. Bouddha n’est pas quelqu’un qu’on ambitionne de devenir ; Bouddha n’est pas quelqu’un qui est né il y a plus de deux mille ans et qui était plus intelligent qu’on ne le sera jamais.

Bouddha c’est notre nature innée - notre nature-de-bouddha - et cela signifie que si nous grandissons jusqu’à la maturité, nous commençons à entrer en contact avec l’intelligence que nous avons déjà. Ce n’est pas une intelligence qui sera transplantée en nous.

Si nous murissons complètement, nous ne serons plus emprisonnés dans le sentiment propre à l’enfance qu’il faut constamment nous protéger ou nous mettre à l’abri parce que la vie est trop dure.

Si nous devenons adulte - c’est à dire tout à fait à l’aise dans notre monde quelle que soit la difficulté de la situation - c’est parce que nous allons permettre à quelque chose qui est déjà en nous d’être cultivé. Nous lui permettons de croître, de se développer, au lieu de tout le temps le protéger et le garder enterré.
[…]

C’est pourquoi le slogan dit : abandonne tout espoir de fruit”.

“Fruit” implique qu’à l’avenir on se sentira bien. Il y a un mot, ouvert - avoir un cœur ouvert et un esprit ouvert. C’est très orienté vers le présent. Si on entre dans une relation inconditionnelle avec soi-même, cela veut dire rester avec le bouddha sur le champ, maintenant, dans l’état où l’on se trouve…/…

… plus les gens se lient d’amitié avec eux-mêmes, plus ils trouvent que c’est un lieu nourrissant et d’un grand soutien où l’on peut découvrir la qualité de bouddha de sa propre personne telle qu’on est à l’instant, aujourd’hui même. Juste maintenant, aujourd’hui même, pouvons-nous établir une relation inconditionnelle avec nous-même ? Avec exactement la taille que nous avons, le poids que nous avons, le degré d’intelligence qui est le notre, le fardeau de souffrance que nous portons ? Pouvons-nous entrer dans une relation inconditionnelle avec cela ?

Abandonner tout espoir de fruit a quelque choses de commun avec le titre de mon précédent livre :

The Widom of no Escape *

“Ne pas fuir” nous laisse constamment au cœur du moment présent, le présent étant ce qu’il est, quelle que soit l’humeur dans laquelle on se trouve, quelles que soient les pensées qui nous viennent à l’esprit. 

C’est ça.

Que les techniques de méditation viennent de le tradition theravada, de celle du zen ou de celle du vajrayana, l’instruction de base est toujours d’être éveillé dans l’instant présent. Ce qu’elles ne nous disent pas c’est que l’instant présent peut-être nous, ce nous qui peut parfois ne pas nous faire sentir très bien.

 C’est à cela qu’il faut s’éveiller.

Quand l’un des empereurs de Chine a demandé à Bodhidharma (le ma^itre zen qui a fait passer le zen de l’Inde à la Chine) ce qu’était l’éveil, il a répondu :

” Énormément d’espace, rien de saint.”

La méditation n’a rien de saint. Par conséquent, il n’y a rien de ce que nous pensons ou ressentons qui soit à ranger dans la catégorie ” péché”.
Il n’y a rien de ce que nous pensons ou ressentons qui soit à ranger dans la catégorie ” mauvais”. Tout est bon et riche matériau - le fumier de l’éveil, le fumier de la réalisation de l’éveil, l’art de vivre à l’instant présent.

Pema Chödrön - La voie commence là où vous êtes

* Littéralement : ” La sagesse de ne pas fuir”. Cet ouvrage est paru en français sous le titre : Entrer en amitié avec soi-même. Edition de La Table Ronde.

 

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Une Réponse »

  1. MAGNIFIQUE!

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