GANJI ANANKEA : L’EVEILLEUR, LE TONNERRE

Par Sam's • 29 mar, 2015 • Catégorie: ARCHIVES, ARTS ET LITTÉRATURE, LES PLUS POPÜLAIRES

                      Ganji Anankea a écrit deux livres, disponibles sur son site.
Le premier livre se nomme L’éveilleur, le tonnerre, le second, Les Fils de l’Aurore. Voici un résumé du premier livre. L’éveilleur, le tonnerre, retrace le parcours de Ganji depuis son enfance.

Ganji est né au nord du Portugal (Serra da Etrela); dans un environnement austère et rural. Puis il a été retiré violemment du Portugal et a grandi dans des conditions difficiles à Paris. C’est donc une biographie qui transmet très bien l’atmosphère et la transformation négative de la personnalité au contact d’une personnalité probablement psychopathique, ici son père.

« Ce grand individu sec et antipathique me faisait peur, me terrifiait. Soudain, je n’existais plus. J’étais devenu un accessoire. La lumière qui luisait en moi fini par s’éteindre . Jusqu’à ce que je quitte le foyer, ma mère ne cessa de comploter contre ce despote pour me protéger de lui et de sa radinerie, s’attirant reproches et gifles. Mais elle ne pouvait rien contre les diverses humiliations et châtiments, malheureusement trop fréquents. » (p.13)

Ganji décrit aussi comment le système broie la personnalité, l’âme, et l’être tout entier jusqu’à attaquer les fondations vitales. Mais des expériences spirituelles vont peu à peu mettre en relation Ganji avec une aide invisible, un guide – Iurikan. Celui-ci intervient d’ailleurs de temps à temps dans le livre.

La compagne de Ganji, dans l’introduction, décrit également son parcours :

« Enfant, je me suis fait la promesse de devenir une adulte heureuse et accomplie. J’avais cinq ans alors, du vague à l’âme et beaucoup de détermination. La condition humaine m’inquiétait. Sur les bancs de la maternelle déjà, j’observais le défilé des parents venant chercher leurs tendres progénitures, et je lisais chaque soir en eux une indéfinissable tristesse. Ils semblaient fatigués, contrits, piégés. C’est avec l’angoisse au ventre que j’ai grandi. Celle de me laisser un jour contaminer par cet insaisissable virus qui supprimait la joie de vivre. Dans les yeux d’un enfant chaque instant renferme son lot de magie. La vie est pleine, dense et s’écoule librement. Par opposition, le corps de l’adulte se tenait figé, dompté par une main invisible. Du haut de mes 1m10, ce renoncement forcé à l’existence m’était absolument intolérable. C’était un crime que je me promettais secrètement de combattre, à n’importe quel prix. J’étais née pour ça«

Toute la première partie du livre est une description impitoyable du monde occidental pathologique, et ce sous toutes ses coutures…  Tous les aspects de cette putréfaction psychique, cette pétrification énergétique, sont passés en revue. Ganji décrit dans ce contexte son parcours plus ou moins normal d’adolescent désabusé, recourant à l’alcool, à la drogue, etc.

Il décrit ensuite son parcours au sein d’une communauté bouddhiste qui finalement va l’ennuyer. Et en fin de compte, son travail dans une agence de pub va le dégoûter. Il quittera tout pour s’installer sur l’Île de la Réunion. Il y vivra une intense reconnexion à la nature… et y restera quelques années, dans un environnement assez sauvage. Après cette expérience, il retournera à Paris.

Ganji de retour dans le système reprend une vie assez destructrice, morne, et finalement, durant l’été 2003, il décide de se joindre à un groupe camerounais dans les Alpes pour prendre de l’Iboga. Cette expérience va complètement le transformer (ainsi que d’autres personnes de ce stage).

Il y subit une purification totale où il voit à chaque fois qu’il dégurgite, des esprits qui étaient en lui, à chaque fois sort une entité parasite, une âme errante, et à la fin un enfant mort-né… Tout cela était dans son ventre.

Après cette première nuit, il craint la seconde, mais l’Iboga ne lui fait plus le même effet, il est purifié et a le sentiment de renaître après que cette énergie guérisseuse soit allée déloger tous les corps impurs incrustés en lui.

Il dit en quoi la plante lui a permis de prendre conscience de la force de la Kundalini, qui la suit désormais partout. Il insiste sur le caractère thérapeutique de la kundalini (lien avec le caducée des médecins) :

« Le plus formidable apport des plantes est cette connexion avec l’énergie divine présente en chacun de nous: la Kundalini. Si on sait l’entretenir et la développer, elle prend de plus en plus d’ampleur et devient un véritable allié dans la vie. Cette énergie autonome, dont nous reparlerons plus tard, se manifeste chaque fois que nécessaire. En matière de santé, je peux compter sur sa protection et bénéficier de ses précieux conseils qui m’ont amené à développer une hygiène de vie nettement plus saine. Mais son rôle ne se limite pas à la guérison, la Kundalini alarme, guide et transmet la Connaissance. Bien des fois j’ai été intensément pénétré par la science lumineuse du corps de guérison, pour ma plus grande joie. Bien des fois je l’ai vu cibler le mal et le rejeter, avant qu’il n’ait eu le temps de se développer dangereusement. Avec le temps, le travail d’épuration et de développement de mes facultés spirituelles s’est vu récompenser par un accès de plus en plus direct à Iurikan. Nous développons aujourd’hui une collaboration telle qu’il intervient régulièrement (à ma grande surprise !) dans la rédaction de ce livre.«  (p.28)

Grâce à cette énergie vitale il subit une transformation de son regard sur le monde et un fossé se creuse à son retour à Paris. Il perçoit mieux comment le système est structuré pour réduire la conscience de ses esclaves. Il se met à ressentir de la colère envers cette situation.

« Le décor naturel et urbain se présentait à moi sous ses aspects essentiels et bruts ; fascinant, déroutant, lumineux ou ténébreux, vivant ou macabre. La ville m’apparut sous un jour nauséabond ; les visages que je croisais dévoilaient une férocité, à peine masquée par quelques galantes pirouettes. Beaucoup respiraient le vide existentiel. Leur âme à l’agonie semblait attendre des lendemains meilleurs, parfois la mort. Pourtant, chacune de ces silhouettes fantomatiques s’affairait. Mais après quoi couraient-elles ? Chaque pas en avant semblait les éloigner d’avantage d’elles-mêmes et du bonheur convoité. Je me revoyais en eux ; dans leurs traits défaits, leurs mines décrépies. C’était moi, avant l’Iboga. Ce paysage sinistre me choquait. Des siècles de « progrès » s’effondraient sous mes yeux pour ne laisser entrevoir que le paysage grotesque du défilé continu des travailleurs. Qu’ils arborent une allure supérieure ou les épaules voutées, tous appartenaient à la même immense fourmilière ; tous se sacrifiaient, avec plus ou moins de zèle selon les intérêts, au Système, ce grand manitou des temps modernes.
J’eus beaucoup de peine à accepter l’ampleur des dégâts et de plus en plus de difficultés à me faire comprendre des autres. Ces autres, je les regardais avec mon âme ; ils me répondaient avec l’égo. Mépris et indifférence, dureté et vacuité. Mes journées s’emplissaient de déceptions, d’échecs communicationnels et d’amertume. Je sombrais. Non, je ne pouvais plus enjoliver les choses. Le destin m’avait définitivement ôté cette possibilité. Mais à présent, le système et ses lieutenants-soldats m’ouvraient leurs coulisses, comme pour m’encourager à en faire l’esquisse. J’avançais pas à pas dans leur obscurité. Peut-être étais-je revenu de mon enfer personnel pour transmettre cette lucidité cruelle mais aussi l’espoir ? Car quelque chose de lumineux commençait à percer la noirceur de mon amère colère. Comme un minuscule rayon de soleil qui surgit du crépuscule et grandit chaque instant jusqu’à transformer la matière opaque. A mesure que je dépeignais le monde « réel » des humains, je m’éloignais de lui pour accoster sur un continent sublime, ma nouvelle terre d’accueil : le corps divin de guérison.«

Ganji sentait alors une « langue invisible et dense » aspirer la substance vitale de chacun.

« La maladie de l’âme faisait son nid dans les endroits les plus improbables, se faufilait entre les rayonnages « bien être » des grandes surfaces, trouvait enfin un parfait terrain d’expansion dans les hauts lieux de « business », où les tours et vastes buildings en verre en mettaient plein la vue. Comme un virus, la « dépression » gangrénait chaque recoin de l’espace, attendant tapie dans l’ombre sa future proie.«

Il décrit comment il méditait près d’un petit lac à La Défense et que d’un coup, il réalisa :

« Je vis à cet instant précis qu’une force de destruction pure était à l’œuvre dans la société humaine depuis des millénaires.«

S’ensuit une description méticuleuse de ce système… cette Matrice…

« Je ne voyais pas d’issue. Le mal était trop enraciné.«

Pourquoi cette société est-elle aussi moribonde ? Ce commentaire de Ganji fait immédiatement penser au problème de la psychopathie et de son influence sur les hiérarchies sociales.

« Ainsi, il était une catégorie de gens que la vie morne et routinière n’affectait pas : les ambitieux, les carriéristes, les arrivistes voyaient dans leur malheur un moteur de réussite. Une enfance difficile, des parents autoritaires fournissaient le meilleur des carburants au conquérant des temps modernes. Cette classe d’individus se reconnaissait à l’agressivité et à la grossièreté de ses manœuvres ainsi qu’à ses aptitudes à la manipulation. Vorace et sans scrupules, elle se hissait peu à peu aux strates les plus influentes de la société pour en tirer les rennes. C’est elle qui instillait à notre monde actuel les valeurs si dépourvues d’humanisme et de profondeur, influençant grandement les comportements. » (p.40)

Et la vie continue son cours. Il décide de partir de Paris. Il s’en va dans le Causses Méjean (Gorges du Tarn). Il y vit des expériences personnelles de type « transfigurisme » qu’il raconte ensuite. C’est en effet dans une ruine inconfortable mais très bien située que pendant une semaine il vit un réveil de la Kundalini. Sa description du chakra du coeur est aussi très juste :

« Le chakra du cœur était une porte de communication sur le monde divin et les entités lumineuses qui le peuplaient, cela je le savais déjà. C’est par cet accès privilégié que j’allais développer une communication fluide et instantanée avec mon guide Iurikan. A chaque entretien, la mise en activité du chakra du cœur se manifestait toujours physiquement ; c’était un souffle chaleureux vivant et vivifiant, une fontaine d’eau douce régénérante. Les viscères pouvaient en témoigner directement puisqu’elles étaient touchées et imprégnées par ce courant diffus d’énergie. Après les chakras « inférieurs », il était celui qui manifestait concrètement à l’Homme la dimension de l’amour divin, de la plénitude et de la lucidité sacrée. Tandis que les chakras supérieurs donnaient accès à des dimensions supra-humaines, le chakra du cœur demeurait sur le plan humain et permettait le travail sur les « intempéries » existentielles. Il était en quelque sorte une passerelle entre la vaste dimension éthérique et l’humanité blessée. Par cette « porte spirituelle », le corps divin pouvait opérer toutes sortes de guérisons. L’énergie qu’il diffusait abondamment drainait avec elle un ensemble de messages curatifs et bienfaisants qui venaient répondre avec précision à la nature des nœuds rencontrés.  Il s’agissait véritablement d’une énergie intelligente, omnisciente et dynamique. Toute problématique était abordée non plus sous les aspects intellectuel et limitatif du mental mais de façon totalement neuve, claire et lucide. Les solutions aux dilemmes les plus profonds se révélaient dans tout leur éclat, balayant au passage les émotions et somatisations générées par les troubles. Ainsi, l’activation de ce chakra restaurait la paix, la confiance et la joie d’exister simplement. Avec lui, l’être, jusque là piégé dans la souffrance, s’abandonnait enfin aux bras puissamment guérisseurs du divin. L’amour qui envahissait l’être quand le chakra du cœur vibrait était expansif et communicatif. Une telle expérience avait la faculté de modifier la fréquence « d’humanité » selon laquelle l’Homme vibrait habituellement. Ainsi, il offrait à tout un chacun la possibilité de  se grandir. Véritable enseignant, il était une voie sacrée donnant accès au monde de la connaissance, de la guérison et de la joie paisible. Il était une fenêtre sur le corps de guérison capable de plonger l’Homme dans un univers omniscient et omnipotent. L’être entrait en relation avec son humanité la plus digne, et surtout la plus vraie. Contempler sa véritable identité était un remède redoutablement efficace contre tous les complexes possibles et imaginables conçus par l’égo. Ce dernier recouvrait sa vraie place et l’être authentique regagnait le rang qui lui était dû. Par cet acte, l’individu se renforçait et redevenait ce qu’il était véritablement : un être grand et bienfaisant, aux capacités infinies. Il accédait au Suprême, à sa dimension cachée de demi-dieu. » (p.49-50)

Puis il évoque sa rencontre avec la Kundalini qui jaillit hors de son corps.

« Ebahi, j’observais cette présence d’une puissance ahurissante ondoyer avec volupté. Ce n’était pas la première fois que je rencontrais ma Kundalini. Lors de mon expérience illuminative, elle s’était éveillée lentement d’abord puis elle avait brusquement fusé jusqu’au sommet de mon crâne, embrasant tout sur son passage. Parvenue aux « portes du Ciel », elle avait explosé en un sublime feu d’artifice. Et je m’étais fondu dans le Grand Tout.  […]
Elle me fixa un instant tout en me sondant profondément : « Que veux-tu ? ». Une voix limpide s’éleva du centre de mon être et lui répondit sans hésiter : « La Lucidité ». Aussitôt, elle fondit tête baissée sur moi et m’avala. L’instant d’après, je me retrouvais comme « statufié » en une masse vibrante, pleine et homogène, d’énergie de connaissance et de paix absolue. J’étais « Un et indivisible ». De cet état absolu, une conscience nouvelle émergea. Car cette statue de sagesse me donnait à vivre l’essence même de la lucidité : l’accord parfait entre toutes les parties de mon être, unies en un bloc vivant harmonieux et cohérent, en une vision « une » et tranchante. […]
Après un laps de temps indéfini, j’arrivai au seuil d’une expérience cruciale. J’allais rencontrer la réalité de mon propre corps. Pendant plusieurs heures, nous partîmes en exploration en tous coins, traversant les couches musculaires, pénétrant les organes, observant les cellules, comme si mon œil eut été équipé d’un microscope ultra performant. Là où elle allait, j’étais. Dés que nous rencontrions une faille dans le système corporel ; un foyer d’infection bénin, une lésion interne, nous zoomions dessus. Le trouble était immédiatement traité par mon incroyable médecin-guide, qui envoyait un faisceau de lumière blanche puissante sur la zone malade. Lorsque nous arrivâmes dans la zone stomacale, le Caducée déploya un large spectre de lumière qu’il utilisa pour balayer méthodiquement l’intérieur de mon ventre. A son passage je pouvais sentir d’intenses vibrations. Subitement le faisceau rencontra un objet non identifié et stoppa net. Je découvris alors une étrange masse qui irradiait des ondes électrisantes très désagréables. Je sentis à nouveau la panique m’envahir. Ces mêmes émotions m’avaient submergé à plusieurs reprises ces derniers jours. Agité, je ne tenais plus en place mais j’étais bloqué à l’intérieur de mon corps ; contraint de subir tous types d’inconforts. Pourtant je comprenais intuitivement que je devais accepter de pénétrer cette boule pour en venir à bout.
Le Cobra insistait, envoyait des charges de plus en plus importantes d’énergie pour se frayer un accès parmi la masse. Il me faisait l’effet d’un marteau piqueur. Puis d’un coup nous fûmes à l’intérieur. Un noyau de lumière blanche se forma sous mes yeux et je la regardai investir l’espace, tant et si bien qu’elle finit par dissoudre la masse entière. Au contact de ses vibrations lumineuses, les particules d’énergie parasite éclataient puis s’évanouissaient. Une onde immense de soulagement parcouru tout mon corps. Je me sentais complètement relâché et la panique avait cédé.  
[…]
Ce travail de libération touchait à sa fin et je sentis que l’attention de mon hôte se dirigeait déjà vers l’objectif suivant. Il pointa la zone pectorale et nous fonçâmes en plein dedans. Je sentis le froid et l’humidité m’envahir. Je retrouvais l’atmosphère moite de cette pièce sombre de la chapelle où je dormais. L’énergie serpentine entreprit de diffuser lentement une lumière chaude extrêmement agréable. Elle se propagea dans ma poitrine puis remonta en direction des sinus. A son passage je pouvais sentir une pression s’exercer crescendo ; l’énergie envahissait l’espace, refoulant et supprimant les éléments parasites. Libéré, mon corps redevenait ce temple sacré, source de joie et de bien-être. La sensation de froid humide avait totalement disparu. Je réalisais que je venais d’assister à la guérison d’une bronchite naissante. »

La Kundalini est ainsi associée à une énergie de guérison par Ganji, qui dans ce renouvellement intérieur revit aussi le déchirement causé par son départ du Portugal à 3 ans. Il décrit comment l’énergie forme la structure sous jacente du corps :

« Mon corps fourmillait tout entier d’énergie. Je n’étais plus une seule masse vibratoire mais une infinité de particules vibrant à l’unisson. J’étais chacun de ces atomes et le tout en même temps. Totalement investi par la vie grouillante du corps de distribution énergétique, je sentais son faisceau bienfaisant aller et venir en tous sens, n’épargnant aucun canal. L’ensemble de la tuyauterie était nettoyée, restaurée et activée à son maximum. Pour la première fois j’en voyais la structure. 
Comme je la regardai en transparence, elle me délivra les secrets de sa savante mécanique. L’« énergie », dont toute matière était constituée, était une substance subtile, invisible à l’œil, mais vitale. Sans elle rien ne pouvait exister. Elle sous tendait la Création toute entière. Ainsi, des filets d’énergie plus ou moins importants reliés entre eux parcouraient sans relâche le corps, alimentant et soutenant l’ensemble des activités physiologiques. Les conditions d’un bon état de santé général m’apparaissaient sous cet éclairage inextricablement liées à la qualité et à la quantité d’énergie distribuée, ainsi qu’à sa répartition harmonieuse. L’appareil de distribution énergétique était donc primordial. Sans lui ni le sang ni les liquides organiques ne pouvaient s’acheminer correctement à destination, pesant lourdement sur la vitalité et l’état de santé global. Il rendait la vie possible et participait grandement à sa longévité. Le long des méridiens, je trouvai des points où l’énergie était plus dense : c’étaient les points d’acupuncture. Certains d’entre eux étaient comme des lacs qui reçoivent les eaux de différents fleuves, ou ruisseaux. 
Au cœur de ce fourmillement de réseaux lumineux d’énergie, je découvris bientôt de véritables œuvres d’art tridimensionnelles : les chakras. Ils se répartissaient de bas en haut sur la ligne médiane du corps et étaient reliés au réseau complexe des Nadis. Au nombre de sept centres principaux, les chakras ressemblaient à des roues étincelantes de lumière, car extrêmement concentrées en énergie, qui tournaient à l’unisson au rythme de l’univers. Lorsque l’individu était en bonne santé, ils dispensaient correctement l’énergie dans tout le corps et régulaient les émotions. Mais ces centres vitaux étaient rarement opérationnels, et les réseaux d’énergie infestés de nœuds. J’en avais fait l’expérience la nuit où le chakra de mon ventre avait été débloqué. Le plus souvent, et surtout dans nos sociétés occidentales où ils étaient royalement ignorés, les chakras étaient partiellement voir totalement bloqués. Mis à mal par le manque d’entretien, le corps énergétique était fortement endommagé. La plupart des méridiens et chakras s’atrophiaient et s’obstruaient de « détritus » et parasites en tous genres. Néanmoins des bribes d’énergie plus ou moins saines continuaient de maintenir tant bien que mal une activité vitale minimale dans l’organisme. Mais à terme, le corps perdait de sa vitalité et commençait à se décomposer ; il s’affaissait, se déformait, déclenchait des maladies. »

Après ces expériences, Ganji quitte de son refuge et rencontre un berger. Celui-ci ne parle que de sa vie sans jamais l’écouter. C’est l’occasion pour Ganji d’évoquer les programmes de l’égo, qui se composent d’un agglomérat de mémoire-action destiné à défendre une image de soi que l’enfant s’est constitué. L’enfant se crée cette image car il était sans défense par rapport au monde des adultes, et il devait combler son sentiment d’impuissance par des actes compulsifs. Voyant ces actes compulsifs qui forment alors sa personnalité, l’enfant devenu adulte va alors juger positivement ou négativement ces actes, et s’illusionner sur lui-même pour ne pas voir la partie de soi qu’il ne valorise pas.

La personnalité sert dans ce cas à supporter la souffrance, en se mentant à soi-même. La vie entière est  dans des occupations destinées à renforcer cette image pour s’éloigner de cette souffrance qui n’est pas « acceptée ». Le principe est le suivant : Enfant agressé -> colère, souffrance -> réponse-plaisir, pansement : programme de compensation -> harcèlement par le programme : actes-plaisir compulsifs -> besoin impérieux de se rassurer : Jugement des actes -> Comportement.

La souffrance est donc à l’origine des programmes d’évitement / compensation, l’individu cherche alors sans arrêt à se rassurer pour rejeter les mécanismes issus des traumatismes. Cela induit un désir d’élévation (artificiel). L’individu cherchera à devenir ce qu’il pense devoir être, en excluant toute la partie sombre qui le poursuit sans cesse (colère, amertume, tristesse, sentiment d’impuissance, de solitude).

Ganji donne l’exemple de ce berger égocentrique pour illustrer son propos :

« Un sourd dégoût commençait sérieusement à remonter de ma poitrine et des impatiences me prenaient. Cet homme m’incommodait ; il me fallait partir. Mon inspiration m’invita alors à me détacher de lui. Comme je prenais de la distance, elle me montra que j’étais en présence d’une personne dont le mental était très fort. En fait, il ne vivait pratiquement qu’à travers son mental. Il continuait à me décrire son existence sur le Causse, les années catastrophes, les efforts déployés, la fierté tirée d’une vie vécue dans la simplicité, sur une terre sauvage, parfois hostile. Il marquait quelquefois un temps d’arrêt, comme pour contempler les visions agréables de ses souvenirs. Cet homme tirait du passé une source de gratification non négligeable. Le regard tourné en dedans, il ne me voyait pas, ne me sentait pas mais se répandait en paroles. Je tentai quelques interventions de-ci delà… sans succès. Il se parlait à lui-même, revenant sur les épisodes qui faisaient sa fierté. Alors, son visage et son corps se gonflaient d’autosatisfaction. La jambe droite en appui solide sur un rocher, il bombait légèrement le torse en prenant de grandes inspirations, avant de poursuivre. Il faisait grand cas de son fils qui, selon lui, avait hérité de sa ténacité et de son sens des affaires : « J’lui ai tout appris ! I’tient de moi, c’est sûr ! » ». (p.65)

La personnalité est composée de programmes, des réponses automatiques souvent inadaptées… D’où une transformation des humains en morts-vivants (p.66). Derrière ces façades, un monstre se tapit…

« Cet amas d’émotions noires engendrait un enfant terrible que chacun porte au creux de soi, comme un secret honteux. Celui-ci se réveillait parfois, lorsqu’il était piqué et répandait alors son venin sans détour, tout en se cachant derrière de belles apparences. L’ « image », tant chérie de part le monde, participait de cet effort de survie psychologique, et même social. Le « monstre » devait rester invisible, ce qui expliquait en partie l’intérêt si capital porté à l’apparence.«

Ce monstre souffre terriblement, la peur qu’il introduit à tous les niveaux de la personnalité change le comportement de l’individu par rapport au monde qu’il perçoit désormais comme « dangereux ». Ce monstre constitue le « cor au pied » décrit par Gurdjieff, c’est-à-dire aussi un « point faible » que chacun tente d’oublier. Selon Barbara O’Brien, « tout le monde a un point faible, un « sentiment caché d’insécurité », enfermé dans un coin de la conscience et mis de côté. Mais la simple évocation de ce point faible met la personne hors d’elle-même. »

Et ce ne sont pas les médicaments qui arrangent les choses, ceux-ci ayant des effets extrêmement négatifs…

« L’une des plus graves dérives dans le traitement de la maladie mentale est la camisole chimique. En effet, elle sabre tout possible rétablissement puisqu’elle engourdit la conscience du patient, le rendant vulnérable aux attaques énergétiques de toutes sortes (parasites éthériques, esprits…). L’accès au corps spirituel dans lequel résident les clés de la guérison est définitivement rompu. Je peux témoigner directement de cette réalité puisque j’ai moi-même été longtemps schizophrène. Ma maladie était en réalité due à la présence dans mon organisme de plusieurs esprits de personnes décédées particulièrement malsaines et sans scrupules. Dans un cas comme celui-ci, toute prise de médicament chimique ôte à l’individu les moyens de lutter contre les hôtes indésirables. Au contraire, il leur est totalement livré. Les dégâts psychiques occasionnés sont alors irréversibles et la personne sombre définitivement dans la folie, sans retour possible.  Ainsi, dans les mentalités, la souffrance psychologique est d’avantage considérée  comme une tare que comme une réaction saine à un environnement inadapté. La dépression est perçue comme une faiblesse alors qu’elle signale avant tout un refus de se conformer à la loi du plus grand nombre et de renoncer à ses valeurs profondes. Elle pèse rapidement sur la crédibilité sociale ; honte et culpabilité l’entourent. Nul ne veut devenir un paria. » (p.68)

A partir de la moitié du livre, Ganji énumère les mécanismes de la personnalité, les programmes :

« Le terme « programme » ne prétend pas refléter la réalité crue. C’est avant tout un concept qui s’efforce de rendre saisissable ce qui ne peut vraiment l’être. Lors de mes nombreuses escapades introspectives, j’ai pu observer et identifier sa forme comme une sorte de nœud complexe fait d’énergie, de mémoire et d’émotions. Le « programme » est rarement seul, il se trouve le plus souvent mêlé à d’autres avec lesquels il  interagit, entre en résonance ou en conflit. Le panorama des programmes est infini mais leur classement est presque impossible du fait de leur interdépendance. J’ai néanmoins distingué deux grandes familles : les programmes de conditionnement légués par les autorités patriarcales (morale, principes, éducation parentale, scolaire et religieuse, morale sociale et familiale, culturelle…). Ces derniers posent avant tout des actions-réflexes, propres à notre culture. En deuxième catégorie, viennent les programmes de réaction, qui sont avant tout une réponse de rééquilibrage interne entre la douleur que suscite la provocation externe et le désir de survivre à cette souffrance dans les meilleures conditions. L’individu tente de restaurer en lui une image de soi revalorisante, quitte à ce qu’elle revête des allures étonnantes, susceptibles de le marginaliser. C’est sur ce type de programme que je vais porter l’accent. » (p.71)

Il évoque ensuite la « fausse énergie » qui alimente une Personnalité quasi cancéreuse, parasite. C’est une énergie volée :

« Tant que les programmes et comportements associés n’indisposent pas la personne de manière excessive, celle-ci tend à « faire avec ». En effet, malgré leur caractère intrusif et destructeur, les programmes se comportent comme un générateur puissant d’énergie. Il ne s’agit que d’une énergie simulacre qui n’a rien à voir avec l’énergie vitale saine, générée par le corps de guérison. Cette énergie se comporte comme un dopant (type café) en envoyant des stimulations électriques continues. C’est la surchauffe. Cette énergie simule la vitalité et le dynamisme, et pousse l’individu à un activisme épuisant, aveugle et obsessionnel. Au final, elle affaiblit considérablement l’individu, consumant toutes ces « bonnes » réserves. » (p.74)

Et à propos des relations toxiques :

« Devenir un être plein et indépendant c’est aussi se dégager de toute influence psychique pernicieuse, en exerçant son esprit critique et objectif. Le travail de connaissance de soi permet d’acquérir cette lucidité nécessaire, car il est des liens affectifs néfastes pour l’individu qui décide d’aller vers soi. Ces relations se reconnaissent à leur caractère intrusif, vampirisant, castrateur, voire destructeur. En se découvrant soi-même, l’être éclairé s’aperçoit qu’il a parfois été victime d’une certaine fascination pour « l’autre ». Il a idéalisé et projeter sur lui des qualités fantasmagoriques tout en faisant abstraction des aspects destructeurs de la relation. Ces sentiments sont de mauvais augure car ils ouvrent les portes de la dépossession de soi. Il faut alors revenir à la réalité et décider de l’avenir de la relation en toute connaissance de cause. Cette personne va-t-elle respecter mes valeurs et aspirations ? Revenir à l’instinct et développer son sens intuitif sont les clés d’une objectivité absolue.  Les personnes qui n’acceptent pas le changement et veulent saboter toute tentative chez l’autre sont nombreuses. Lorsqu’on se ferme à la transformation, on perçoit très mal celle des autres. Toutes sortes de peurs surgissent alors et celui qui se métamorphose devient coupable de perdre la tête ou d’avoir été endoctriné. Dans ce cas, il convient d’instaurer des limites et de ne pas trop s’étendre sur le sujet. Inutile d’accentuer un désaccord qui ne peut que s’amplifier. L’objectif est avant tout de s’aménager un espace vierge où l’on peut croître en conscience et s’épanouir librement. »

Ganji insiste bien sur le caractère « obscur » du travail spirituel, dans le sens où tout résultat réel se fait sur une matière brute désagréable et salissante :

« La philosophie Zen le sait bien puisqu’elle rappelle souvent que la fleur de Lotus s’épanouit à partir de la vase. En servant une version édulcorée de la réalité, emplie d’anges et de bons sentiments, ce mouvement exclut l’aspect « salissant » et dérangeant du travail de connaissance de soi, étape primordiale. » (p.88)

La partie suivante du livre est un historique et une description de la médecine par les plantes, de la théorie des humeurs, des quatre éléments, etc. L’auteur conseille d’un point de vue énergétique de chercher les blocages, boules ou tensions, de se concentrer dessus en méditation et de « percer l’abcès » et faire émerger tous les souvenirs désagréables qui leur sont liés.

Ganji revient après sur différentes traditions orientales, yoga, wu-wei, etc. Il consacre un chapitre aux plantes enthéogènes également, et note :

« En France, l’un des pays les plus répressifs au monde en la matière, les plantes sacrées  ont été classifiées dans la catégorie des stupéfiants par la Miviludes, afin de protéger la population des dérives potentielles. Leur utilisation est donc interdite sur le territoire national. Paradoxalement, leurs molécules actives ont été isolées dans certains pays modernes et sont aujourd’hui utilisées dans les traitements de la toxicomanie. En effet, leurs vertus anti addictives et détoxifiantes ont été mises en valeur depuis bien longtemps. C’est le cas, par exemple de l’Ibogaïne, molécule de l’Iboga, que des cliniques spécialisées aux Pays-bas et aux Etats-Unis utilisent avec succès. Néanmoins, les enthéogènes restent autorisés sur leur continent d’origine. Au Gabon, notamment, l’Iboga ou Dibouga, a été classée « richesse nationale » du pays et bénéficie d’une protection particulière pour cette raison« .

A la fin du livre, il propose une petite bibliographie et des suggestions de long métrages.

« Un Être conscient, pas plus grand que le pouce, se tient au centre de nous-mêmes. Il
est le maître du passé et du Présent… il est aujourd’hui et il est demain. »

Katha Upanishad (IV, 12-13)

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